Secteur
Seconde main & mode
Attention à l'effet rebond : Un sondage réalisé par Kantar montre que les acheteurs de seconde main achètent en moyenne 20 articles de plus que les non acheteurs (source : Kantar World Panel, mars 2020)
Les chiffres / impact de la mode sur l’environnement
En 2015, 100 milliards de vêtements étaient vendus chaque année dans le monde, leur production a doublé entre 2000 et 2014 (source : Ellen MacArthur Foundation, A new textiles economy: Redesigning fashion’s future, 2017). Cette augmentation a été alimentée par l'essor de la "fast fashion", qui a encouragé une surproduction et une surconsommation. En France, ce sont 3,3 milliards de vêtements et chaussures qui ont été mis en vente en 2022.
L’industrie de la mode est responsable d’environ 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (4 milliard de tonnes d’équivalent CO2 sont émis chaque année par le secteur du textile), et est responsable de 35% des microfibres plastiques rejetées dans les océans (libérés lors des lavages en machine et pas entièrement filtrées par les stations d'épuration) et de 20% de la pollution industrielle des eaux (principalement à cause des produits chimiques utilisés dans les teintures et les traitements textiles) (source : ADEME, La mode sans dessus-dessous, 2018).
La seconde main : une des solutions pour réduire l’impact environnemental et social de l’industrie de la mode ?
En France, les achats seconde main représentent 5% des transactions sur le marché de la mode, soit 52 millions achats en 2023 (source : Fashion network, La seconde main est-elle vraiment un modèle vertueux, 2024).
L’impact des livraisons reste limité par rapport au coût en équivalent CO2 de la fabrication d’un vêtement neuf : en 2023 un achat sur Vinted émet en moyenne 1,35 kg de CO₂e (coût de la livraison à domicile ou en point relais) vs 31kg de CO₂e pour la fabrication d’un jean ou 38kg de CO₂e pour un pull (source : Les Cactus, Vinted, entre impact positif et surconsommation, 2024).
Effet rebond
L’achat de vêtements de seconde main peut entraîner un effet rebond (pas de baisse significative de la consommation globale) lorsque le consommateur est encouragé à acheter plus de vêtements, surtout s’ils sont perçus comme moins chers et moins polluants. Un sondage réalisé par Kantar montre que les acheteurs de seconde main achètent en moyenne 20 articles de plus que les non acheteurs (source : Kantar World Panel, mars 2020). Plusieurs mécanismes peuvent contribuer à cet effet :
- Surconsommation : les prix moins élevés des vêtements de seconde main peuvent entraîner des achats impulsifs et pousser certains consommateurs à acheter plus d'articles que ce dont ils ont réellement besoin et contribuer à l’accumulation de vêtements inutilisés. Pour ¼ des Français interrogés, l’argument principal pour recourir à la mode d’occasion est “pour acheter beaucoup d’articles à moindre prix”.
- Moins de culpabilité : acheter des vêtements d'occasion peut donner l'impression d'une consommation "verte" ou "éthique", ce qui peut réduire la culpabilité liée à l'achat excessif et encourager des comportements plus consuméristes.
- Rotation rapide : l'idée de pouvoir acheter, utiliser et revendre des vêtements rapidement peut encourager une utilisation rapide des vêtements, similaire à la dynamique de la "fast fashion", où l'on change fréquemment de garde-robe.
L’augmentation de la revente d’articles en seconde main peut également entraîner une baisse des dons aux associations caritatives de vêtements de bon état à revendre car les plateformes en ligne capturent une part importante de ce marché.
Critères de sélection
Les critères de sélection des acteurs de la seconde main du textile ont pour objectif d'encourager un modèle de consommation plus responsable et de limiter l'achat impulsif qui peut annuler les bénéfices écologiques de la seconde main.
Ces critères peuvnet être résumés de la façon suivante :
- Éviter de promouvoir un modèle de revente et d'achat excessif qui pourrait alimenter l’effet rebond (scroll infini, réductions au volume…)
- Sélectionner des articles issus de marques éthiques et engagées dans des pratiques de production responsables et conçues pour durer longtemps (qualité et durabilité)
- Proposer des alternatives à l'achat, telles que la location ou le prêt, pour limiter la surconsommation.
- Encourager la réparation et la réutilisation afin de prolonger la durée de vie des articles.
Soulignons ici que les résultats de la cartographie sont à prendre avec précautions dans la mesure où nous ne pouvons pas faire autrement qu’estimer arbitrairement que tel acteur est compatible avec une trajectoire à +2°C alors qu’il n’existe généralement pas d’étude qui le confirme de façon quantitative.
Sources :